L’auteur romantique aime décrire ses sentiments de façon passionnée et poétique, en livrant son « moi » et en mettant son cœur à nu, tout en confondant ses sentiments à la nature autour de lui. le lyrisme romantique est cette manière particulière de s’exprimer. Sa naissance date des années 1820 avec Les Méditations Poétiques, un recueil de 24 poèmes écrit par Lamartine. Les écrits lyriques datant du Romantisme sont souvent des poèmes. Il existe aussi des textes qui ne sont pas écrits en vers, mais qui ne perdent pas pour autant cette poésie dans l’expression des sentiments.
Pour mieux comprendre cette manière d’exprimer ses sentiments, nous allons étudier rapidement deux extraits de textes romantiques. Tout d’abord, un extrait de Novembre, une longue nouvelle, œuvre de jeunesse écrite par Flaubert en 1842. Puis nous verrons ensuite un extrait de Les souffrances du jeune Werther, un roman épistolaire écrit par l’auteur allemand Goethe en 1774. C’est d’ailleurs ce roman qui a lancé le romantisme en France. En effet il a inspiré de grands auteurs comme Victor Hugo ou Musset.
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extrait de Novembre, Flaubert.
« Emportez-moi, tempêtes du Nouveau Monde., qui déracinez les chênes séculaires et tourmentez les lacs où les serpents se jouent dans les flots ! Que les torrents de Norvège me couvrent de leur mousse ! Que la neige de Sibérie, qui tombe tassée, efface mon chemin ! Oh ! Voyager, voyager, ne jamais s’arrêter, et dans cette valse immense, tout voir apparaître et passer jusqu’à ce que la peau vous crève et que le sang jaillisse ! »
Dans cet extrait, on voit que le narrateur a une envie de voyager, de s’en aller, de tout quitter et découvrir le monde : « emportez-moi, tempêtes du Nouveau Monde » , « que les torrents de Norvège me couvrent de leur mousse » ou encore « que la neige de Sibérie (…) efface mon chemin »
Le sentiment est fort, cette envie d’Ailleurs se montre aussi par les nombreux points d’exclamations : « dans les flots ! » , « leur mousse ! » , « Oh ! » ou bien « que le sang jaillisse ! »
Les points d’exclamation montrent aussi la force que le narrateur met dans ce qu’il dit, comme si cette envie d’évasion était restée trop longtemps enfermée en lui et que tout s’échappait soudainement avec une rapidité incroyable.
« voyager, voyager, ne jamais s’arrêter, et, dans cette valse immense, tout voir apparaître et passer jusqu’à ce que la peau vous crève et que le sang jaillisse ! ». Cette dernière phrase nous montre la violence de ses sentiments. Le narrateur est prêt à partir, à voyager sans s’arrêter, même s’il doit être blessé par son voyage. Cette détermination dans ses paroles appuie encore plus sur cette envie de voyage, sur la force du sentiment décrit.
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Un extrait de Les souffrances du jeune Werther, livre I. W.Goethe.
« Le sentiment si plein, si chaleureux, que mon cœur a de la vivante nature, ce sentiment qui m’inondait de tant de volupté, qui du monde qui m’entourait me faisait un paradis, me devient maintenant un intolérable bourreau, un démon tourmenteur qui, où que j’aille, me poursuit. Quand autrefois, du haut des rochers, mes regards s’en allant par-delà la rivière, jusqu’aux lointaines collines, parcouraient la fertile vallée et voyaient autour d’eux tout germer, tout pousser ; […] lorsqu’ensuite j’entendais autour de moi les oiseaux animer la forêt, et que, par millions, des essaims de moucherons dansaient vaillamment dans le dernier et rouge rayon du soleil, […] comme je recevais tout cela en mon cœur enflammé, comme je me sentais, en cette débordante plénitude, presque devenir dieu, comme les magnifiques images du monde infini, toutes porteuses de vie, défilaient en mon âme ! […] - Ah ! Que de fois ne me suis-je pas, alors, souhaité les ailes de la grue qui passait au-dessus de ma tête, afin de m’envoler vers les rivages de l’immense mer, afin de boire à la coupe écumante de l’infini ces vitales délices qui vous enflent le cœur, afin de sentir, ne fût-ce qu’un instant, dans mon faible sein, une goutte de la félicité de l’Être en qui et par qui tout est engendré. »
Cet extrait narre l’amour que le narrateur ressentait pour la nature, un sentiment qui lui fait plus de mal que de bien. En effet, celui-ci dit au début de l’extrait : « Le sentiment […] que mon cœur a de la vivante nature […] me devient maintenant un intolérable bourreau, un démon tourmenteur qui, où que j’aille, me poursuit ». Même si ce sentiment pour cette « vivante nature » est devenue un « intolérable bourreau », le narrateur l’exprime durant tout l’extrait, mettant en avant une nature magnifique : « les magnifiques images du monde infini ».
Le thème de la nature est omniprésent dans le texte : « nature », « haut des rochers », « la rivière », « fertile vallée », « les oiseaux », « la forêt », « rouge rayon du soleil » ou encore « les rivages de l’immense mer », on voit, grâce à ce champ lexical, que le narrateur attache une grande importante à la nature. De plus, on voit aussi la force de ses sentiments grâces aux mots suivants : « un paradis », « fertile », « par millions », « dansaient vaillamment », « cœur enflammé », « débordante plénitude », ou encore « monde infini ».
Le narrateur aime la nature d’une façon si forte que ce sentiment le détruit. A la fin du texte, on remarque qu’il voudrait s’en aller, s’envoler, grâce à la phrase suivante : « Que de fois ne me suis-je pas, alors, souhaité les ailes de la grue qui passait au-dessus de ma tête, afin de m’envoler vers les rivages de l’immense mer ».
Le héros de ce roman a une sensibilité excessive, qui le fait basculer entre exaltation et désespoir. Dans cet extrait, c’est sa sensibilité pour la beauté de la nature qui lui fait du mal.
On s’aperçoit donc, grâce à ces deux textes, que le lyrisme romantique décrit les sentiments d’une façon plus forte et plus poétique. Ses sentiments sont souvent de la mélancolie et de la tristesse, mais on découvre aussi que les auteurs expriment souvent une envie de s’évader, une insatisfaction du monde dans lequel ils vivent, ceci est le mal du siècle.
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