2.3: La maladie qui touche les états-d'âmes:
Les romantiques souffrent du temps, ils exposent leur souffrance à travers leurs œuvres.
La période de la Restauration est traversée de courants contradictoires. Aidés des congrégations religieuses qu’animent les principes de la Sainte-Alliance, les ultraroyalistes remettent en cause les conquêtes de la Révolution et de l’Empire. La bourgeoisie libérale, positiviste et matérialiste, forte des progrès scientifiques, préside à l’éclosion d’un monde nouveau. Le moderne s’oppose à l’ancien. En art, le classique s’oppose au romantique. La France s’ouvre aux influences européennes. Perdue entre les deux, la jeunesse est plongée dans « le mal siècle », fuyant le présent et la réalité en se réfugiant dans le passé, dans la religion, dans l’inconnu. Elle hisse l’imagination au rang de « reine des facultés » et regarde l’art comme le seul moyen de faire face.
Les jeunes souffrant du mal du siècle éprouve de la nostalgie étymologiquement c’est la souffrance provoquée par l’évocation des êtres et lieux du passé par « le vif désir de revoir ses parents » dit l’Encyclopédie. La nostalgie est donc le sentiment qui désigne la perte : perte de l’enfance, de la jeunesse. Il s’ensuit le mal du siècle qui est l’extension de la nostalgie. L’incertitude, l’inquiétude, la conscience des imperfections de la modernité tels sont les symptômes de ce mal du siècle. Chateaubriand va mettre en scène dans son roman René, un personnage qui va éprouvé ce fameux mal du siècle « le passé et le présent sont deux statues incomplètes : L’une a été retirée toute mutilée du débris des âges ; l’autre n’a pas encore reçu sa perfection de l’avenir. » Leur mal de vivre commence par l’ennui, l’indécision, la nostalgie du temps qui passe, l’angoisse du présent et une insatisfaction perpétuelle qui les pousseraient au suicide pour mettre fin à cette mélancolie, La mélancolie qui est une affection mentale caractérisé par un état dépressif : un sentiment d’incapacité, une absence de goût de vivre pouvant dans les cas les plus graves, conduire au suicide.
Dans la confession d’un enfant du siècle, le roman m’est en place un jeune Homme de 19 ans prénommé Gustave, il découvre très vite que sa maîtresse le trompe, le jeune héros vit douloureusement cette épreuve. Son désespoir est immense et il ne parvient ni à oublier ni à surmonter cette trahison. Son ami Desgenais, un dandy cynique, l’invite à accorder moins d’importance aux sentiments amoureux . Il essaye de convertir Octave au libertinage et l’incite à rechercher de nouveaux plaisirs dans les bras d’autres femmes. Octave se refuse à suivre les conseils de son ami. Sa tristesse l’incite à passer ses nuits sous les fenêtres de son ancienne maîtresse. Il s’adonne également à l‘alcool. Lorsque Octave découvre que sa maîtresse trahit également l’ami avec lequel elle l’a trompé, il se résout à accepter les conseils de Desgenais : il mène alors une vie de débauche. Oisiveté, fêtes et séduction de courtisanes deviennent son quotidien. Mais ces plaisirs ne parviennent pas à estomper son mal-être . Il se lasse vite de cette vie artificielle et confie à son ami Desgenais l’horreur que provoque en lui cette dépravation. La mort brutale de son père met fin à cette période de débauche. Il quitte Paris et retourne dans sa région natale pour y mener une existence austère , comme celle que menait son père. Il y connaît une période de sérénité et de quiétude. Lors d’une visite de charité, il rencontre Brigitte Pierson, une jeune veuve pieuse et discrète de 30 ans. Il lui confie les épreuves qu’il a vécues mais n’ose lui avouer les sentiments qu’il éprouve pour elle. La jeune femme découvrant les sentiments d’Octave essaye de prendre ses distances d’avec lui . Mais finalement Octave et Brigitte s’avouent mutuellement leur amour et deviennent amants. Octave connaît alors une brève période de bonheur. Mais la perfection de cette femme agace Octave. De plus il est miné à la fois par la méfiance et la jalousie que lui ont values ses premières expériences et la vie de débauche qu’il a ensuite connue. Ses sentiments pour Brigitte se détériorent et l’amour fait place à un soupçon maladif. Octave se montre incapable de croire à la sincérité et à l’amour de sa maîtresse. Les scènes, de plus en plus violentes se succèdent. Finalement ils décident de partir en voyage puis s’installent à Paris. La visite d’Henri Smith, ami d’enfance de Brigitte, et visiblement épris d’elle, va changer le cours de leur histoire. Cette présence va exacerber la jalousie d’Octave. Henri Smith , de son côté, essaye de persuader Brigitte de sauver sa réputation et de quitter Octave. Les deux amants continuent de se déchirer et la jalousie d’Octave est telle, qu’un soir, il se retrouve , un couteau à la main, au dessus d’une Brigitte endormie. Puis Octave découvre par hasard, une lettre où Brigitte avoue à Henri que c’est lui qu’elle aime, mais , que par devoir, elle se sent obligée de rester avec Octave. Octave décide alors de quitter Brigitte avec « tendresse ». Il préfère que « des trois êtres qui avaient souffert par sa faute, il ne reste qu’un seul malheureux ».
A travers la peinture on retrouve aussi le mal du siècle qui se traduit dans le tableau de Gaspar David Friedrich dans le voyageur au-dessus de la mer de nuage. Les montagnes représentent la terre, la position de l'homme montre qu’il domine la vie d’ici-bas mais il y regarde avec admiration l’au-delà le fond de l'univers. Les rochers au milieu symbolisent la foi de l’humain. Les montagnes au fond représentent Dieu. La « mer de nuage » représente la grandeur de la nature à perte de vue, l’éternité de la vie future au paradie Le personnage représenté ici reste à l'extérieur du monde qu'il contemple. Il regarde du dehors le monde dont il est exclu, ce qui donne un sentiment d'abandon propre au personnage romantique. Caspar David Friedrich se représente ici, c'est une forme d'autoportrait.Dans le tableau le Voyageur au-dessus de la mer de nuages, on peut voir un personnage présent au centre de la nature en position de domination; d’autre part le personnage est en quelque sorte en position de faiblesse car il a une canne (ou bâton), peut être par rapport à l’ascension de la montagne. Il contemple l’horizon et semble être seul, il apparaît qu’il n’y a aucune autre présence humaine. D'autre part , on peut voir chez l’individu,une solitude frappante. Enfin, il est intéressant de noter la forme de papillon créée avec les montagnes au loin de part et d'autre du personnage central, qui se voit ainsi pourvu d'ailes : symbole, peut-être, d'abandon et de la fuite du temps.Sur ce tableau, seuls les nuages et les cheveux semblent être en mouvement. Le premier plan est très peu éclairé, comme s’il était abrité par des nuages ou un surplomb rocheux. Contrairement à l’arrière-plan, plus éclairé. Ce tableau met en valeur le sentiment de la solitude humaine face à la grandeur de la nature. Ce tableau a été fait pour illustrer le poème de Larmatine l’isolement.
Mais aussi nous retrouvons Oberman dans l’œuvre écrite par Etienne de Senancour en 1804 une mise en scène d’un jeune homme d’une vingtaine d’année en proie d’un profond mal de vivre Il décrit sa vie comme quelcuquechose qui « m’encahine à l’ennuie, cette apathie, d’où je puis jamais y ressorti » L’adverbe ‘jamais’ met l’accent sur le cercle vicieux qui empoisonne notre héros.
Le mal du siècle aura frappé bien des auteurs durant le XIX ème siècle et ils l'auront représenté sous différentes formes
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire