dimanche 6 février 2011

3.3: La naure, un lieu de paix et d'amour.

3.3: La nature, un lieu de paix et d'amour:


     Même si la nature est souvent vue comme quelque chose de sauvage et déchaîné par les romantiques, il arrive que certains voient la nature comme un lieu calme, un endroit paisible où l’on peut se confier sans craintes, parler de ses souvenirs, de ses amours. C’est le cas dans le poème « Le Lac » écrit par Lamartine et publié dans ses Méditations en 1820. Dans ce poème, Lamartine demande au lac de lui rendre les souvenirs de sa bien aimée qu’il avait sauvé de la noyade l’année précédente.
Nous allons étudier le thème du souvenir et de l’amour passé du poète.

« Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos,
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

« Assez de malheureux ici-bas vous implorent ;
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

« Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Hé quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface
Ne nous les rendra plus ?

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés !

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit et l'on respire,
Tout dise : « Ils ont aimé ! »

    Tout d’abord, il faut noter que le titre du poème évoque un lieu que l’auteur a aimé, un lieu qui était un refuge pour sa compagne et lui-même. C’est ce refuge, cette nature, qui conserve une trace intacte de ce bonheur passé. C’est d’ailleurs pour cela que le narrateur retourne au lac : pour retrouver ses souvenirs. La nature l’aide à les restituer, mais fait aussi jaillir des regrets et des remords.
Le poète s’adresse au lac pour lui faire revivre son amour, mais aussi pour le prolonger. Il se comporte avec le lac comme s’il était son confident. On voit une familiarité quand il tutoie le lac : « Regarde ».
Lamartine montre dans ce poème tout l’amour qu’il avait pour cette femme d’une façon lyrique, avec des mots poétiques et beaux, qui représentent ses sentiments : « adorés », « harmonieux », « plus beaux », « aimons donc ! », « éternité » ou encore « amour ».
Cette nature bienveillante, ce lieu de paix, aide le poète à se confier. Il a partagé ses moments intimes avec sa compagne seulement avec cette nature : « Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre / Où tu la vis s'asseoir ! »
Le poète demande à cette nature de dire « ils ont aimé » pour immortaliser ce moment d’intimité dans cette nature, comme si ce lieu prenait possession de la présence des deux personnages pour toujours.

    On remarque que le poète se sent proche de la nature. Il retourne en ces lieux, seul, au calme, pour mieux se remémorer le temps passé avec sa bien aimée. On remarque donc une certaine relation entre la nature et le romantique, une relation de confiance où l’auteur peut, sans se gêner, s’exprimer et libérer ses sentiments. La nature est un lieu de paix qui permet à l’auteur de se laisser emporter dans ses plus beaux souvenir, souvent des souvenirs amoureux.

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